Les infiltrations, est-ce pertinent?

Les infiltrations, est-ce pertinent?

Dans notre monde où tout va vite et où nous cherchons une solution rapide à nos douleurs pour nous éviter l’arrêt complet des activités, nous sommes enclins à chercher des réponses les plus efficaces possible à nos maux: la médication, les pommades, les remèdes naturels miracles, les infiltrations. Mais est-ce toujours pertinent?

Qu’est-ce qu’une infiltration?

Une infiltration est une méthode utilisée pour injecter un médicament à un endroit précis. Cette technique est utilisée lorsque la localisation de la douleur est bien définie. Par exemple, lors d’une inflammation aiguë d’un tendon à l’épaule (tendinite), une injection est possible autour du tendon. Dans les cas d’arthrose ou d’arthrite, celle-ci se fera dans l’articulation.

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Le traitement est donc directement au site même du problème ou à proximité, ce qui peut le rendre beaucoup plus efficace qu’un médicament que vous pourriez prendre en comprimé par la bouche. Certains types d’infiltration demandent un repérage radiographique qui permet de suivre l’aiguille sur un écran afin d’injecter au bon endroit.

Dans quel cas est-ce pertinent?

– Inflammation présente à 1 ou 2 articulation(s)

– Pathologie des tissus mous (bursite, ténosynovite, tendinite,…)

– Soulagement de la douleur associée à une poussée inflammatoire (dans les cas d’arthrose)

– En complément à une autre médication dans les cas de polyarthrite

Dans une publication antérieure, nous vous parlions de l’importance de la présence de l’inflammation dans le processus de guérison. Certaines personnes sont contre la médication et croient que la douleur a son importance et qu’elle nous protège. C’est un signal d’alarme qui mentionne qu’il y a quelque chose qui ne fonctionne pas comme il le faut dans le corps. Pourquoi bloquer ce signal en diminuant la douleur alors que cela ne réglera pas le problème? Ce raisonnement est exact dans la plupart des situations. Cependant, dans le cas où la douleur est importante, il se peut que celle-ci vous empêche de fonctionner et vous mette au repos complet. Ce dernier, rappelez-vous, est votre pire ennemi! Le corps humain s’adapte rapidement et de façon merveilleuse à ce que nous faisons. Si nous ne faisons rien, le corps se déconditionne à une vitesse impressionnante!

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Dans un cas où l’inflammation prédomine, qu’il y a présence d’enflure et/ou de douleur importante, il se peut que votre corps compense et développe des problèmes associés. L’infiltration peut ainsi contribuer à prévenir ceux-ci en vous soulageant. Cependant, il faut savoir que ces signes inflammatoires sont une conséquence du problème initial et non le problème en soit. C’est pourquoi il est important qu’un professionnel de la santé porte un diagnostic sur la cause initiale. L’infiltration agit plutôt comme un pansement sur votre bobo : elle est pratique et aidante, mais elle ne guérit pas le problème!

Le nombre d’infiltration

Il est difficile d’établir une règle générale quant au nombre d’infiltration. Cela dépendra du diagnostic initial du problème ainsi que du type de médicament utilisé. Par exemple, dans les cas d’injection dans l’articulation pour une arthropathie inflammatoire, il peut être tout à fait acceptable d’injecter 3-4 fois par année considérant que le médicament agit au moins deux mois. Pour un problème de tendon à l’épaule (tendinopathie), la durée d’action est de quelques semaines. Il peut y avoir une seconde infiltration en respectant un délai raisonnable et si la réponse thérapeutique est jugée insuffisante. Cependant, en l’absence de réponse, mieux vaut réviser le diagnostic et changer l’approche thérapeutique.

Est-ce que les infiltrations comportent des risques?

Il est possible que celles-ci induisent une infection locale, une atteinte d’un nerf directement par l’aiguille ou par le liquide injecté à proximité (habituellement réversible), rash cutané (rougeur du visage et du tronc), rupture tendineuse (donc l’infiltration n’a jamais lieu directement dans le tendon), etc… Cependant, ces effets secondaires n’arrivent que très rarement. Il est possible de développer une synovite réactionnelle (inflammation de l’enveloppe de l’articulation) suite à l’injection, ce qui est relativement fréquent. Celle-ci dure environ 36 à 48 heures et se traite avec de la glace et du repos.

Finalement, dans un cas ou l’inflammation est très présente et que la douleur est vive et localisée, l’infiltration peut être recommandée et pertinente. Elle peut être également utilisé en deuxième intention, lorsqu’une condition atteint un plateau et qu’il n’y a plus de changement significatif dans l’évolution de la blessure.

Cependant, si le problème n’est pas clair, d’origine mécanique ou s’il y a peu ou pas d’inflammation,  ce ne sera pas la méthode idéale pour vous soulager. De plus, certaines contre-indications doivent être respectées dans les cas d’une infiltration. Votre médecin ou rhumatologue est l’expert pour vous conseiller ainsi que vous prescrire la méthode la plus appropriée (médication ou infiltration). N’hésitez pas à le consulter pour en discuter avec lui!

Carolanne Gariépy, Thérapeute en réadaptation physique et étudiante en physiothérapie, Université Laval

Bibliographie

Côté, Gilles. (2006). Guide pratique de l’appareil locomoteur. Rimouski: Bibliothèque et Archive nationale du Québec

Bergeron, Y., Fortin, L., Leclaire. R. (2008) Pathologie médicale de l’appareil locomoteur, 2e édition. Québec, Edisem. 1444 p.