L’entorse de la cheville, comment la traiter?
Dans le dernier article, nous avons discuté de ce qu’est l’entorse de cheville et du protocole à suivre les jours suivant celle-ci. Nous allons maintenant aborder quelques aspects du traitement de cette blessure.
La mobilité
Suite à une entorse de la cheville, il est possible de noter des limitations de mouvements. Des exercices d’assouplissement et de mobilisations articulaires seront donc donnés en fonction de celles-ci. Le mouvement qui reste habituellement le plus limité est la flexion dorsale (ou dorsiflexion).
Cette limitation peut amener des modifications de la marche. Par exemple, une rotation à la hanche peut apparaître pour compenser le manque de mobilité de la cheville. Cela peut entraîner d’autres problèmes et c’est pourquoi il est important de regagner rapidement ce mouvement.
- Debout, les mains en appui au mur.
- Placer la jambe que vous voulez étirer en arrière. Assurez-vous que vos pieds sont perpendiculaire au mur.
- Transférez le poids de votre corps vers le mur en pliant les genoux.
- Maintenir 30 secondes et répétez 3 fois.
La proprioception et le contrôle postural
Ces exercices sont à débuter dès que possible. Si la douleur et les signes inflammatoires sont encore très présents, commencez par la jambe n’ayant pas d’entorse. Cela peut peut-être vous sembler étrange mais vous aurez un transfert d’apprentissage sur l’autre jambe.
Par exemple, mettez vous debout sur une jambe, puis tenez la position 30 secondes.
Si cela est trop facile, vous pouvez fermer les yeux. Pour progresser, vous pouvez mettre un coussin sous votre pied ce qui rendra la surface instable. Tenir 30 secondes puis, répétez 5 fois.
Débutez-les sur le membre atteint dès que vous pouvez tolérer la mise en charge complète et qu’il n’y a pas de risque de vous irriter (pas d’augmentation de la douleur et pas d’augmentation de l’œdème). Vous pouvez tolérer un certain inconfort ou douleur (qui est acceptable!) et qui ne persiste pas plus de 5-10 minutes après l’arrêt des exercices.
Les exercices doivent être adaptés à votre niveau d’habileté et selon votre stade de récupération.
La force
Suite à une entorse, ce ne sont pas seulement les ligaments qui peuvent être lésés. Le mouvement exagéré de la cheville fait en sorte d’étirer, également, les tendons de certains muscles de la cheville (dépendamment du mécanisme de blessure). Les lésions engendrées à ces derniers vont altérer la capacité de recrutement musculaire, ce qui a un impact sur la force. De plus, les muscles du mollet, qui ne sont habituellement pas blessés par le traumatisme, subissent indirectement les conséquences de celui-ci. Par exemple, l’immobilisation et la diminution de la capacité à la marche font en sorte que le mollet s’atrophie et devient moins fort.
L’objectif est donc de renforcer le muscle, de façon progressive, afin qu’il retrouve sa capacité de bien contracter. Évidemment, les exercices sont donnés en fonction de votre stade de récupération. À titre d’exemple, un exercice de contraction isométrique (sans mouvement) est habituellement donné pour débuter le renforcement.
Muscles éverseurs:
- Assis sur une chaise, côté extérieur du pied appuyé au mur.
- Poussez doucement, puis de plus en plus fort, dans le mur avec votre pied.
- La pression devrait être appliquée à l’avant du pied, juste avant les orteils.
- Maintenez 5 à 7 secondes et répétez 10 à 15 fois.
Le port de l’orthèse
L’orthèse est une aide pertinente suite à une entorse. Il a été démontré dans la littérature que celle-ci aidait à prévenir les récidives. Elle devrait être portée 6 mois post-entorse durant les activités à risque. Le port de l’orthèse, même pendant 6 mois, n’entraine pas une perte de force musculaire. De plus, celle-ci aide à éviter la fatigue lors du retour aux activités. (Cross 2002, Simon 2007, Perron 2008, Gehrmann 2005, Purcell 2009, Lohkamp 2009, Delahunt 2009)
Tel que mentionné dans l’article précédent, l’entorse de cheville est une blessure souvent mal soignée. La physiothérapie est pertinente dans ces cas puisqu’elle saura mettre en évidence les déficiences, tel que le manque de mobilité et de force ainsi qu’identifier vos limitations et restrictions.
Les exercices mentionnés ci-haut sont à titre d’exemple. Évidemment, il est important de poursuivre la réadaptation et d’effectuer une progression de ses exercices afin de reproduire les exigences de vos activités physiques ou de votre environnement de travail. Ne négligez pas leur importance. Ils vous aideront à atteindre le maximum de vos capacités et à prévenir la récidive d’entorse!
Carolanne Gariépy
Thérapeute en réadaptation physique et étudiante en physiothérapie à l’Université Laval