Vous souffrez de maux de dos? (1)
Question de vocabulaire
Tout d’abord, définissons ce que nous entendons par « dos ». En consultation, habituellement, les gens distinguent assez bien le cou (région cervicale) du reste du dos. Mais pour les professionnels de la santé, le « dos » se divisent en deux zones distinctes : la région dorsale ou thoracique et la région lombaire (le bas du dos). Pourquoi faire ces distinctions? Parce que chacune de ces trois régions a ses propres caractéristiques et souvent les causes de douleur sont différentes. Nous nous attarderons ici sur la région lombaire, cause importante de consultation.
Qu’est-ce qui me fait souffrir?
Il n’y a pas de réponse toute faite à la question « quoi faire avec un mal de dos? ». Votre problème peut provenir de votre posture, de votre travail, de vos loisirs, de la façon dont vous faites les activités, de l’absence d’activités, de vos habitudes de vie, d’une maladie ou d’un problème mécanique au niveau vertébral ou au bassin. À chacune de ces causes correspond une réponse différente.
Il y a plusieurs structures qui peuvent engendrer des douleurs : les os eux-mêmes si vous souffrez d’ostéoporose par une fracture vertébrale; les muscles par un spasme ou des tensions importantes; les ligaments, les articulations de la colonne vertébrale; le disque intervertébral qui absorbe le poids et les chocs et qui permet aussi de rendre souple le dos pour nous permettre toutes nos activités.
On a besoin d’un enquêteur!
Comme vous pouvez le constater, il y a plusieurs éléments qui entrent en ligne de compte et qui ne se traitent pas de la même façon. Prenons deux exemples : vous avez mal au dos et la position qui vous fait le plus souffrir est la position assise. Vous êtes soulagé debout. Une autre personne a beaucoup de difficulté à demeurer debout, c’est cette position qui la fait souffrir et elle est soulagée par la position couchée. Ces deux personnes nous consulteront pour une douleur lombaire et nous trouverons probablement deux causes différentes à leurs symptômes mais aussi, peut-être, la même structure affectée différemment. Seul un examen approprié pourra trouver « le ou les coupables ».
Prenons une analogie: le travail d’un(e) physiothérapeute ressemble à celui d’un enquêteur sur la scène d’un crime. Il y a beaucoup d’indices venant des témoins (ici le patient), d’autres venant de l’observation de la scène (observation générale et de la posture) et d’autres provenant de l’analyse des prélèvements d’indices de la scène du crime (les données que le physiothérapeute recueille avec l’examen physique). Au bout du compte, l’enquêteur met toutes ces données ensemble et établit une mise en accusation du suspect. Comme dans tout bon roman policier, c’est à la fin que nous connaissons le responsable. Il arrive aussi que la situation ne soit pas claire et qu’il y ait quelques suspects possibles. C’est aussi le cas en physio: tout n’est pas nécessairement limpide, il peut y avoir 2 ou 3 hypothèses de travail. La progression des traitements tiendra compte de l’évolution des symptômes et le professionnel s’ajustera pour venir à bout du problème, en équipe avec le patient. Et ce n’est que le résultat de l’analyse des éléments recueillis à l’examen qui permettra de bien définir le plan de traitement. Dans les deux exemples cités plus haut, le traitement des deux personnes sera probablement différent pour soulager leurs difficultés selon les résultats de l’évaluation effectuée.
Il est donc bien hasardeux de prendre les solutions du beau-frère qui a déjà eu mal au dos et qui, pour bien faire, vous offre son diagnostic maison et ses solutions miracles. Il est bien intentionné et veut le meilleur pour vous, mais vous risquez d’être déçu(e) puisque son problème est probablement bien différent du vôtre.
Quelles sont les actions possibles?
Alors, dans ce cas, quoi faire? Voici quelques pistes :
1.Si vous souffrez d’un problème aigu et qu’il ne disparaît pas malgré glace, chaleur, médication et que tout cela dure depuis 2 à 3 semaines, nous vous suggérons de consulter. Pourquoi? Parce qu’un problème traité rapidement se règle plus vite et que vous aurez les conseils et les exercices appropriés pour éviter une récidive.
2. Si votre problème est récurrent mais peu envahissant et que vous n’avez jamais consulté qui que ce soit : il serait pertinent de demander une évaluation de votre condition pour qu’un(e) physiothérapeute vous donne des pistes sur les éléments qui entretiennent votre problème. Vous repartez avec ses conseils et des exercices pertinents pour contrôler les symptômes. Essayez de votre côté de remarquer les moments ou les positions où vous avez des symptômes. Vous pourrez peut-être trouver un patron de mouvements ou activités qui vous dérangent.
3. Si vous avez une douleur chronique traitée de toutes sortes de façons et qui persiste, vous pouvez essayer le TENS dont nous parlerons dans une prochaine chronique. Cet appareil non invasif peut aider à contrôler les symptômes et à diminuer la médication. Il existe aussi des programmes intensifs de réadaptation qui ont donné pour certaines personnes de très bons résultats.
4. Il y a certains aspects sur lesquels vous pouvez agir : votre posture générale ainsi que celle au bureau. Notre mode de vie plus sédentaire entraîne une surcharge de travail sur certaines structures de la région lombaire, sans parler des régions dorsale et cervicale. Une bonne posture permet de mieux faire travailler les muscles, diminue la charge sur les structures et articulations et nous avantage dans nos mouvements. Vous pouvez consulter le blogue suivant pour la posture au travail : https://physioanciennelorette.ca/10-conseils-posture-a-lordinateur/
5. Dans la mesure du possible, bougez! Faites des activités qui n’augmentent pas trop vos symptômes: c’est plus bénéfique pour la récupération que la sédentarité. Activez-vous quelques minutes, prenez des pauses, ajustez selon vos symptômes. Tout cela évite l’ankylose, cause aussi de douleur.
Question simple, réponse complexe…
Il n’y a malheureusement pas de solution miracle ni de réponse générale qui puisse satisfaire et régler un problème lombaire. Un deuxième avis peut aussi être nécessaire si vous avez été insatisfait d’une première consultation. Il est important que le professionnel que vous consultez fasse un examen physique de votre condition.
Vous l’avez constaté, à une question qui semble simple la réponse peut être complexe… Le corps humain est bien fait mais ne livre pas facilement ses secrets! Nous aborderons dans une prochaine publication quelques exercices possibles selon le type de structure atteinte.
Jacinthe Vaillancourt pht